Le style unique d’Egberto Gismonti

L’approche guitaristique du virtuose Egberto Gismonti découle à la fois de la précision associée à la guitare classique et de l’exploration liée au blues, au jazz et au rock. Ainsi, Gismonti se dit influencé à l’adolescence par Django Reinhardt et Jimi Hendrix, alors qu’il prend la vague de la bossa nova à la suite de Baden Powell. Il intègre peu à peu des gestes pianistiques qui le poussent à adopter la guitare à huit cordes, puis à dix cordes, sur lesquelles il joue des dix doigts, comme sur un clavier. Cette originalité confère à son jeu une versatilité qui sert aussi bien sa performance de soliste que ses rencontres internationales avec des orchestres symphoniques ou de chambre. Sa prestation avec l’ensemble I Musici au Festival de jazz international de Montréal en 2010, où il interprète notamment sa Dança dos escravos, laisse un souvenir impérissable. Le regretté Yuri Turovsky, fondateur et chef d’orchestre d’I Musici, salue alors en quelques mots l’alliance réussie des formes classiques et populaires chez Gismonti : « la musique, c’est la musique! »

Brésilien d’origine libano-sicilienne, Egberto Gismonti alterne entre piano et guitare, mais déploie sur cette dernière son insatiable quête de sonorités inédites, qu’elles viennent des œuvres de son compatriote Heitor Villa-Lobos ou des impressionnistes français, notamment Maurice Ravel. Il commence dès l’enfance l’étude de la musique classique, au piano d’abord auprès de Jacques Klein et Aurélio Silveira, puis joue en concert ses propres compositions. Alors que ses premières œuvres reçoivent un bel accueil, il part en tournée en Europe, participe à des festivals, et enregistre en France, en Italie et en Allemagne. En 1969, il étudie la composition à Paris avec Jean Baraqué, disciple d’Arnold Schoenberg et d’Anton Webern, ainsi qu’avec la célèbre Nadia Boulanger qui lui conseille de retourner au Brésil puiser aux sources de son immense culture. Établi à Teresópolis près de Rio de Janeiro en 1971, Gismonti entame ensuite une démarche fertile en collaborations et inventions multiples, notamment avec Nana Vasconcelos, Hermeto Pascoal, Flora Purim, Aito Mureira, Jan Gabarek et Charlie Haden. Plus tard, il collabore avec ses enfants Alexandre et Bianca, devenus à leur tour compositeurs et instrumentistes virtuoses.

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